« La franchise ne consiste pas à dire ce que nous pensons
mais à penser tout ce que nous disons »
Cette
phrase expose une négation et une affirmation. Elle nie une conception de la
franchise et en affirme une autre.
Commençons par l’affirmation: Qu'entendons-nous
quand on dit que quelqu'un est franc? Être franc, c’est être clair et limpide.
C'est dire la vérité, même si c'est triste pour l'orateur ou l'auditeur. La
franchise nous pousse parfois à l’égratignure ou à la révélation des secrets
que nous ne voulons pas divulguer. Le moment de franchise est un moment
difficile.
Cette détermination de
la franchise est critiquable. Si la franchise se limite à dire ce que nous
pensons, il est possible que ce que nous pensons soit irréel ou immoral. Si la
franchise se limite à dire tout ce que nous pensons elle se transforme en
insolence. La franchise ne doit pas consister à dire tout se que nous pensons
mais à penser tout se que nous disons. Imaginez une personne qui attaque votre
maison et vous dit: "Je suis venu pour vous voler". Pouvez vous le
juger comme un homme vertueux et nier son acte odieux tout simplement parce
qu’il était franc? N'est-il pas préférable d'éviter le vol plutôt que le vol et
une franchise sous une forme d’insolence? Si l'individu repense ce qu'il a
l'intention de faire et ce qu'il a l'intention de dire, il renoncera plusieurs discours.
La vraie franchise est la franchise avec soi-même. L'individu doit clarifier
ses propres affaires et connaître soi même. La franchise doit être un facteur
d'autocritique et non une manifestation vantée. Elle n’est pas un passeport
pour l’agression sous prétexte qu’on est franc limpide et loin de la tromperie.